Livre de la Sagesse

01 Voilà pourquoi ils ont mérité d’être châtiés par des animaux de ce genre, et tourmentés par toutes sortes de bêtes.

02 À la place de ce châtiment, c’est un bienfait que tu as accordé à ton peuple ; en réponse à sa faim dévorante, tu as préparé une nourriture au goût extraordinaire : des cailles.

03 Ainsi les premiers, malgré la nécessité de se nourrir, perdaient jusqu’à l’envie de manger, à la vue des bêtes répugnantes qui leur étaient envoyées ; les seconds, au contraire, après une courte disette, recevaient un aliment au goût extraordinaire.

04 Il fallait qu’une famine implacable frappe les oppresseurs, mais, pour les autres, il suffisait que leur soit montré comment leurs ennemis étaient tourmentés.

05 Et même, quand s’abattit sur les tiens la fureur terrible de bêtes venimeuses, lorsqu’ils périssaient sous la morsure de serpents tortueux, ta colère ne persista pas jusqu’à la fin.

06 C’est en guise d’avertissement qu’ils avaient été alarmés pour un peu de temps, mais ils possédaient un signe de salut, qui leur rappelait le commandement de ta Loi.

07 Celui qui se tournait vers ce signe était sauvé, non pas à cause de ce qu’il regardait, mais par toi, le Sauveur de tous.

08 Ainsi tu as prouvé à nos ennemis que tu es Celui qui délivre de tout mal.

09 Eux périrent sous la morsure des sauterelles et des mouches, sans qu’on ait trouvé de remède, parce qu’ils méritaient d’être châtiés par de telles bêtes.

10 Tes fils, en revanche, même la dent des serpents venimeux n’a pu les vaincre, car ta miséricorde est intervenue et les a guéris.

11 Afin de se rappeler tes paroles, ils étaient piqués par l’aiguillon, puis aussitôt délivrés, pour qu’en évitant de tomber dans un oubli profond, ils restent attentifs à ton action bienfaisante.

12 Ni plante ni onguent ne fut leur remède, mais ta Parole, Seigneur, elle qui guérit tout.

13 Toi, tu as pouvoir sur la vie et sur la mort, tu fais descendre aux portes des enfers, et tu en ramènes.

14 L’homme, dans sa malice, peut tuer, mais il ne peut pas faire revenir le souffle qui est parti et ne peut délivrer l’âme emmenée captive.

15 Il est impossible d’échapper à ta main.

16 Les impies, qui refusaient de te connaître, furent soumis au fouet par la force de ton bras, pourchassés par des pluies étranges, des grêles, d’impitoyables trombes d’eau, et dévorés par le feu.

17 Le plus extraordinaire, c’est que ce feu redoublait d’énergie au milieu de l’eau qui aurait dû l’éteindre. L’univers se pose en défenseur des justes.

18 Tantôt la flamme se faisait douce, pour ne pas consumer les bêtes envoyées contre les impies – et à ce spectacle, ils pouvaient se reconnaître poursuivis par un jugement divin –,

19 tantôt la flamme flambait jusqu’au milieu de l’eau, excédant le pouvoir habituel du feu, pour ravager les produits d’une terre injuste.

20 À l’inverse, tu donnais à ton peuple une nourriture d’ange ; tu envoyais du ciel un pain tout préparé, obtenu sans effort, un pain aux multiples saveurs qui comblait tous les goûts,

21 substance qui révélait ta douceur envers tes enfants, qui servait le désir de chacun et s’accordait à ses vœux. [

22 Elle était neige et glace, mais résistait au feu et ne fondait pas, pour leur faire savoir que le feu avait flamboyé dans la grêle et lancé des éclairs dans la pluie afin de ravager les récoltes des ennemis ;

23 ce même feu, en revanche, allait jusqu’à oublier son pouvoir, pour que les justes soient nourris.

24 La création, docile à te servir, toi, son Auteur, se tend comme un arc pour châtier les injustes, et se détend pour combler de biens ceux qui se fient à toi.

25 C’est pourquoi, se prêtant, une fois encore, à toute transformation, elle était au service de ce que tu donnais : une nourriture universelle accordée au désir de ceux qui t’imploraient.]

26 Ainsi les fils que tu aimais, Seigneur, devaient l’apprendre : l’homme n’est pas nourri par le fruit des semences ; ta parole maintient celui qui croit en toi. [

27 Car ce que le feu ne pouvait détruire fondait à la chaleur d’un simple rayon de soleil.

28 On saurait ainsi qu’il faut devancer le soleil pour te rendre grâce et venir à ta rencontre au lever du jour.

29 L’espoir de l’ingrat fondra comme le givre hivernal, il s’écoulera comme une eau qui se perd.]