Premier Livre des Martyrs d'Israël

01 Antiocos, fils du roi Démétrios, envoya, des îles de la mer, une lettre à Simon, prêtre et gouverneur des Juifs, ainsi qu’à toute la nation.

02 Elle était ainsi conçue : « Le roi Antiocos à Simon, grand prêtre et gouverneur, et à la nation des Juifs, salut !

03 Des scélérats se sont emparés du royaume de nos pères, mais je veux revendiquer la possession du royaume, afin de le rétablir tel qu’il était auparavant. J’ai donc recruté un grand nombre de troupes mercenaires, j’ai équipé des vaisseaux de guerre.

04 Et je veux débarquer dans le pays, afin de poursuivre ceux qui l’ont ravagé et qui ont dévasté de nombreuses villes dans mon royaume.

05 Je te confirme donc maintenant toutes les remises d’impôts que t’ont accordées les rois qui m’ont précédé, et la dispense qu’ils t’ont consentie de tous les autres présents.

06 Je t’autorise à frapper une monnaie propre à ton pays.

07 Jérusalem et le Lieu saint sont libres. Tout l’armement que tu as fabriqué, les forteresses que tu as bâties et qui sont en ton pouvoir, tu peux les conserver.

08 Tout ce que tu dois au trésor royal, avec tout ce que tu lui devrais à l’avenir, que cela te soit remis dès maintenant et pour toujours.

09 Lorsque nous aurons rétabli notre royauté, nous te couvrirons de grands honneurs, toi-même, ta nation et le Temple, au point de rendre votre gloire éclatante aux yeux du monde entier. »

10 L’an 174 de l’empire grec, Antiocos partit pour le pays de ses pères. Toutes les troupes se rallièrent à lui, si bien qu’il ne resta qu’une poignée d’hommes avec Tryphon.

11 Celui-ci, poursuivi par Antiocos, s’enfuit et parvint à Dora, au bord de la mer :

12 il se rendait compte en effet que les malheurs s’étaient accumulés sur lui et que ses troupes l’avaient abandonné.

13 Antiocos prit position devant Dora avec cent vingt mille combattants et huit mille cavaliers.

14 Il encercla la ville, tandis que ses vaisseaux attaquaient par la mer. Il bloqua les issues de la ville par terre et par mer, ne laissant personne sortir ni entrer.

15 Entre-temps, Nouménios et ses compagnons revinrent de Rome avec des lettres adressées aux rois et aux pays. En voici le texte :

16 « Lucius, consul des Romains, au roi Ptolémée, salut !

17 Les ambassadeurs des Juifs, envoyés par le grand prêtre Simon et par le peuple juif, sont venus chez nous en amis et en alliés, pour renouveler l’amitié et l’alliance de jadis.

18 Ils ont apporté un bouclier d’or de mille livres.

19 Nous avons donc jugé bon d’écrire aux rois et aux pays de ne pas leur causer de tort, de ne pas leur faire la guerre, à eux, ni à leurs villes, ni à leur pays, et de ne pas s’allier à ceux qui leur feraient la guerre.

20 Nous avons aussi décidé d’accepter de leur part le bouclier.

21 Si donc des scélérats ont fui leur pays pour se rendre auprès de vous, livrez-les au grand prêtre Simon, afin qu’il les punisse selon la loi juive. »

22 La même lettre fut adressée au roi Démétrios, à Attale, à Ariarathe, à Arsace

23 et dans tous les pays : à Sampsamé, aux Spartiates, à Délos, à Myndos, à Sicyone, en Carie, à Samos, en Pamphylie, en Lycie, à Halicarnasse, à Rhodes, à Phasélis, à Cos, à Sidé, à Arados, à Gortyne, à Cnide, à Chypre et à Cyrène.

24 Une copie de cette lettre fut établie à l’intention de Simon, le grand prêtre.

25 Le roi Antiocos avait donc pris position devant Dora, dans son faubourg. Sans répit, il lançait contre elle ses détachements et fabriquait des machines de guerre. Il bloquait Tryphon pour que nul ne puisse ni sortir ni entrer.

26 Simon, pour sa part, lui envoya deux mille hommes d’élite pour combattre à ses côtés, ainsi que de l’argent, de l’or et un matériel considérable.

27 Non seulement le roi refusa de les recevoir, mais il révoqua tout ce qui avait été convenu auparavant avec Simon et traita celui-ci comme un étranger.

28 Il lui envoya Athénobios, l’un de ses amis, pour lui communiquer ceci : « Vous occupez Joppé et Gazara, ainsi que la citadelle de Jérusalem ; or, ce sont des villes de mon royaume.

29 Vous avez dévasté leur territoire et causé beaucoup de tort au pays, en vous rendant maîtres de nombreuses localités de mon royaume.

30 Maintenant, rendez-moi donc les villes dont vous vous êtes emparés et payez les impôts des régions que vous avez soumises hors des frontières de la Judée.

31 Sinon, donnez en échange la somme de cinq cents talents d’argent et cinq cents autres talents pour les dommages causés et les impôts des villes. Faute de quoi, nous viendrons vous faire la guerre. »

32 Arrivé à Jérusalem, Athénobios, l’ami du roi, vit la magnificence de Simon, un meuble avec des coupes d’or et d’argent et le faste extraordinaire dont il s’entourait : il en fut stupéfait. Il lui fit alors connaître les paroles du roi.

33 Simon lui répondit : « Ce n’est pas une terre étrangère que nous avons prise, ni la propriété d’autrui que nous avons conquise, mais bien l’héritage de nos pères, injustement occupé pendant quelque temps par nos ennemis.

34 Nous avons simplement profité d’une occasion favorable pour récupérer l’héritage de nos pères.

35 Quant à Joppé et Gazara, que tu réclames, ces villes causaient beaucoup de tort à notre peuple et dévastaient notre pays. Pour elles, nous donnerons la somme de cent talents. »

36 L’envoyé ne lui répondit mot. Il s’en retourna furieux chez le roi, l’informa de ces paroles, de la magnificence de Simon et de tout ce qu’il avait vu. Et le roi fut pris d’une violente colère.

37 Or, Tryphon monta sur un bateau et s’enfuit vers Orthosia.

38 Le roi institua Kendébée général en chef de la zone du littoral. Il lui donna des troupes d’infanterie et de cavalerie,

39 avec pour mission de prendre position en face de la Judée, de rebâtir Kédrone, de consolider ses portes et de faire la guerre au peuple. Puis il se lança à la poursuite de Tryphon.

40 Kendébée, lui, parvenu à Jamnia, se mit à provoquer le peuple juif, à faire des incursions en Judée, à ramener des prisonniers et à massacrer.

41 Il rebâtit Kédrone et y plaça des cavaliers et des fantassins pour opérer des sorties et parcourir les routes de Judée, comme le roi le lui avait ordonné.