Livre de Ben Sira le Sage

01 Tous tes amis diront : « Moi aussi, je suis ton ami ! », mais tel n’est ami que de nom.

02 N’est-ce pas triste à mourir de voir un compagnon ou un ami se changer en ennemi ?

03 Ô mauvais penchant, d’où as-tu été tiré pour couvrir ainsi la terre de fourberie ?

04 Si l’ami n’est qu’un compagnon de plaisir, au temps de la fête, que vienne la détresse, il changera de camp.

05 Si l’ami a souffert de la faim avec son compagnon, au moment du combat, il prendra les armes avec lui.

06 Que ton cœur n’oublie jamais un ami, ne perds pas son souvenir si tu deviens riche.

07 Tout conseiller fait valoir son avis, mais il en est qui conseillent dans leur propre intérêt.

08 Méfie-toi d’un donneur de conseils, sache d’abord de quoi il a besoin, car il donne des conseils intéressés. Il pourrait jeter sur toi son dévolu

09 et te dire : « Tu es sur le bon chemin », puis il prendra ses distances pour voir ce qui t’arrive.

10 Ne consulte pas quelqu’un de sournois ; à ceux qui te jalousent cache ton projet.

11 Ne consulte pas non plus une femme sur sa rivale, un lâche sur la guerre, un négociant sur le taux de change, un acheteur sur une vente, un envieux sur la générosité, un homme sans cœur sur la bienfaisance, un paresseux sur quelque ouvrage que ce soit, un travailleur saisonnier sur l’achèvement de la moisson, un serviteur paresseux sur une grosse besogne. Pour un conseil, ne te fie à aucun de ces gens-là.

12 Mais adresse-toi toujours à un homme religieux, dont tu sais qu’il observe les commandements, qui a un cœur selon ton cœur et qui, si tu échoues, partagera ta souffrance.

13 Puis tiens-t’en au conseil de ton cœur, car personne ne t’est plus fidèle que lui.

14 Bien souvent, l’âme d’un homme l’avertit mieux que sept veilleurs en faction sur la hauteur.

15 Mais, par-dessus tout, supplie le Très-Haut de diriger tes pas dans la vérité.

16 Le point de départ de toute œuvre, c’est la réflexion ; toute entreprise est précédée d’un projet.

17 La racine des pensées, c’est le cœur ;

18 il en sort quatre rameaux : le bien et le mal, la vie et la mort ; et celle qui décide de tout, c’est la langue.

19 Tel homme est habile pour en instruire beaucoup, mais pour lui-même il n’est bon à rien.

20 Tel autre veut faire étalage de sagesse et se rend détestable, il finira par mourir de faim :

21 le Seigneur ne lui donne pas de plaire car il est dépourvu de toute sagesse.

22 Tel, enfin, est sage dans son cœur, et les fruits de son intelligence, dans sa bouche, sont dignes de foi.

23 C’est l’homme sage qui enseigne son peuple : les fruits de son intelligence sont dignes de foi !

24 L’homme sage est comblé de bénédictions ; tous ceux qui le voient le proclament heureux.

25 Les jours d’une vie humaine sont comptés, mais les jours d’Israël sont sans nombre.

26 Le sage, au milieu de son peuple, gagne la confiance, et son nom vivra à jamais.

27 Mon fils, sur ton mode de vie éprouve-toi toi-même, vois ce qui te fait du mal et ne te l’accorde pas.

28 Car tout ne convient pas à tous, et tous ne trouvent pas agrément à tout.

29 Ne sois pas insatiable des plaisirs de la table, et ne te précipite pas sur les plats,

30 car, à trop manger, on se rend malade et la gloutonnerie provoque des coliques.

31 Beaucoup même en sont morts, mais qui se modère prolonge sa vie.