Livre de Ben Sira le Sage

01 À celui qui craint le Seigneur il n’arrive aucun mal : de chaque épreuve il est délivré.

02 Un homme sage n’aura pas d’aversion pour la Loi, mais qui triche avec elle est comme une barque dans la tempête.

03 Celui qui est intelligent se fie à la Loi, la Loi est pour lui aussi digne de foi qu’un oracle divin.

04 Prépare ton discours, et tu te feras écouter, rassemble tes idées avant d’intervenir.

05 Le cœur du fou est une roue de chariot, et son raisonnement, un essieu qui tourne sur lui-même.

06 Un ami moqueur est comme un étalon : il se met à hennir quel que soit son cavalier.

07 Comment se fait-il qu’un jour soit plus important qu’un autre, alors que, toute l’année, la lumière des jours vient du soleil ?

08 C’est le Seigneur qui, dans sa science, les a faits différents ; il a diversifié les temps et les fêtes.

09 Il en a élevé et sanctifié certains ; les autres, il les a pris pour faire nombre.

10 De même, les hommes sont tous tirés du sol, et c’est de la terre qu’Adam a été créé ;

11 mais, dans son vaste savoir, le Seigneur les a distingués : à chacun il offre un chemin différent.

12 Il en est parmi eux qu’il a bénis et élevés, il en est qu’il a consacrés, et dont il a fait ses proches. Il en a maudit et abaissé d’autres, il les a rejetés de leur place.

13 Comme l’argile est dans la main du potier, qui la modèle à son gré, ainsi les hommes sont dans la main de leur Créateur qui les rétribue selon son jugement.

14 Face au mal, le bien ; face à la mort, la vie ; de même, face à l’homme religieux, le pécheur.

15 Considère ainsi toutes les œuvres du Très-Haut : elles vont deux par deux, l’une en face de l’autre.

16 Et moi, dernier venu, j’ai été vigilant comme le grappilleur qui passe après les vendangeurs ;

17 grâce à la bénédiction du Seigneur j’ai rattrapé le retard et, autant qu’un vendangeur, j’ai rempli le pressoir.

18 Comprenez-le bien : ce n’est pas pour moi seul que j’ai peiné, mais pour tous ceux qui recherchent la sagesse.

19 Écoutez-moi, grands de ce peuple, et vous qui présidez l’assemblée, prêtez l’oreille !

20 Ni à ton fils ni à ta femme, ni à ton frère ni à ton ami, ne donne pouvoir sur toi durant ta vie. Ne fais don de tes biens à personne : tu pourrais t’en repentir et devoir les redemander.

21 Aussi longtemps que tu vis et qu’il te reste un souffle, ne te livre pas au pouvoir d’un mortel.

22 Car il vaut mieux que tes enfants te sollicitent que de dépendre de tes fils.

23 De toutes tes affaires, garde le contrôle, ne laisse pas ternir ta réputation.

24 Et quand arrivera le dernier des jours de ta vie, quand viendra l’heure de ta mort, tu répartiras ton héritage.

25 Fourrage, bâton et fardeau, voilà pour l’âne ; pour le domestique : pain, discipline et travail.

26 Fais travailler ton serviteur, tu trouveras le repos ; laisse ses mains inoccupées, il cherchera la liberté.

27 La bride et le joug font plier la nuque ; pour le mauvais domestique : sévices et châtiments.

28 Mets-le au travail de peur qu’il ne devienne paresseux,

29 car la paresse enseigne bien des vices.

30 Tiens-le à l’ouvrage, selon ce qui lui convient, et s’il n’obéit pas, mets-lui des fers aux pieds ; mais ne dépasse la mesure avec personne, et ne fais rien sans discernement.

31 As-tu un domestique ? Qu’il soit comme un autre toi-même, puisque tu l’as acquis dans le sang. As-tu un domestique ? Traite-le comme un frère, puisque tu as besoin de lui comme de toi-même.

32 Si tu le maltraites et qu’il s’enfuie,

33 sur quel chemin iras-tu le chercher ?