Livre de Ben Sira le Sage

01 Honore à sa juste valeur le médecin pour ses services : le Seigneur l’a créé, lui aussi.

02 C’est du Très-Haut, en effet, qu’il tient son art de guérir, et le roi lui-même lui fait des présents.

03 La science du médecin lui fait porter la tête haute, auprès des grands il est admiré.

04 Le Seigneur a créé les plantes médicinales, l’homme avisé ne les méprise pas.

05 Le bois n’a-t-il pas jadis adouci l’amertume des eaux, pour faire connaître par là sa vertu ?

06 Le Seigneur lui-même a donné la science à des hommes, pour qu’ils le glorifient dans ses merveilles.

07 Le médecin utilise les plantes pour soigner et ôter la douleur,

08 le pharmacien en fait des préparations. Ainsi l’œuvre de Dieu ne se termine pas : le bien-être qui vient de lui s’étend sur la face de la terre.

09 Mon fils, quand tu es malade, ne te décourage pas, mais prie le Seigneur, et lui te guérira.

10 Renonce à ta conduite mauvaise, agis avec droiture, et, de tout péché, purifie ton cœur.

11 Offre un encens d’agréable odeur et un mémorial de fleur de farine, présente une offrande généreuse, comme si c’était la dernière.

12 Puis fais venir le médecin : le Seigneur l’a créé, lui aussi ; qu’il ne s’écarte pas de toi, car tu as besoin de lui.

13 Il est des cas où le rétablissement passe par leurs mains :

14 eux aussi prieront le Seigneur pour qu’il leur donne le moyen de te soulager et la guérison qui te sauvera la vie.

15 Celui qui pèche à la face de son Créateur, qu’il tombe aux mains du médecin !

16 Mon fils, répands tes larmes sur un mort ; comme un malheureux déchiré de douleur, entonne sur lui un chant de deuil ; donne à son corps la sépulture qui lui est due et ne néglige pas sa tombe.

17 Pleure amèrement, frappe fort ta poitrine ; observe ce deuil comme il convient, un ou deux jours, pour éviter les calomnies ; et puis, console-toi de ta peine.

18 Car la tristesse hâte la mort, la tristesse du cœur abat les forces.

19 Tant que dure le deuil, la tristesse persiste : le cœur maudit une vie de misère.

20 Ne livre pas ton cœur à la tristesse, repousse-la : pense que la vie a une fin.

21 N’oublie pas qu’il n’y a pas de retour ; tu te ferais du tort à toi-même sans être utile au défunt.

22 « Rappelle-toi, dit-il, mon sort sera aussi le tien ; moi hier, toi aujourd’hui. »

23 Quand un mort repose, laisse aussi reposer sa mémoire ; console-toi de lui lorsqu’il a rendu l’âme.

24 La sagesse du scribe s’acquiert à la faveur du loisir ; pour devenir sage, il faut avoir peu d’affaires à mener.

25 Comment deviendrait-il sage, celui qui tient la charrue, qui met sa fierté à manier l’aiguillon comme une lance, qui mène ses bœufs, s’absorbe dans leurs travaux et ne parle que de son bétail ?

26 Il met son cœur à tracer des sillons et passe ses nuits à donner du fourrage aux génisses.

27 Il en va de même de l’artisan et du maître d’œuvre, qui sont occupés de jour comme de nuit ; de ceux qui gravent la pierre d’un anneau à cacheter et qui s’appliquent à en varier les motifs ; ils ont à cœur de reproduire le modèle et passent des nuits pour achever leur ouvrage.

28 Il en va de même du forgeron, toujours à son enclume ; il fixe son attention sur le fer qu’il travaille ; le souffle du feu fait fondre ses chairs, il se démène dans la chaleur du fourneau, le bruit du marteau lui casse les oreilles, ses yeux sont rivés sur le modèle de l’objet ; il met son cœur à parfaire son œuvre et passe des nuits à la rendre belle jusqu’à la perfection.

29 Il en va de même du potier, toujours à son ouvrage ; il actionne le tour avec ses pieds, il est en perpétuel souci de son travail et tous ses gestes sont comptés :

30 de ses mains il façonne l’argile, il la malaxe avec ses pieds, il met son cœur à parfaire le vernis, il passe des nuits à nettoyer le four.

31 Tous ces gens-là ont mis leur confiance dans leurs mains, et chacun possède la sagesse de son métier.

32 Sans eux on ne bâtirait pas de ville, on n’y habiterait pas, on n’y circulerait pas. Mais lors des délibérations publiques on ne va pas les chercher,

33 dans l’assemblée ils n’accèdent pas aux places d’honneur, ils ne siègent pas comme juges, ils ne comprennent pas les dispositions du droit. Ils n’exposent brillamment ni l’enseignement ni le droit, on ne les trouve pas méditant des paraboles.

34 Mais ils consolident la création originelle, et leur prière se rapporte aux travaux de leur métier.