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Introduction

V/ Dieu, viens à mon aide,
R/ Seigneur, à notre secours.

Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit,
au Dieu qui est, qui était et qui vient,
pour les siècles des siècles.
Amen. (Alléluia.)

Hymne : Ô toi, l'au-delà de tout

Grégoire de Nazianze — Aubier

Ô toi, l'au-delà de tout,
   n'est-ce pas là tout ce qu'on peut chanter de toi ?
Quelle hymne te dira, quel langage ?
   Aucun mot ne t'exprime.
À quoi l'esprit s'attachera-t-il ?
   Tu dépasses toute intelligence.
Seul, tu es indicible,
   car tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul, tu es inconnaissable,
   car tout ce qui se pense est sorti de toi.
Tous les êtres,
   ceux qui parlent et ceux qui sont muets,
   te proclament.
Tous les êtres,
   ceux qui pensent et ceux qui n'ont point la pensée,
   te rendent hommage.
Le désir universel,
   l'universel gémissement tend vers toi.
Tout ce qui est te prie,
   et vers toi tout être qui pense ton univers
   fait monter une hymne de silence.
Tout ce qui demeure demeure par toi ;
   par toi subsiste l'universel mouvement.
De tous les êtres tu es la fin ;
   tu es tout être, et tu n'en es aucun.
Tu n'es pas un seul être,
   tu n'es pas leur ensemble.
Tu as tous les noms, et comment te nommerai-je,
   toi le seul qu'on ne peut nommer?
Quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
   qui couvrent le ciel même ?
Prends pitié,
Ô toi, l'au-delà de tout,
   n'est-ce pas tout ce qu'on peut chanter de toi ?

Antienne

Je t'aime, Seigneur, ma force et mon salut.

Psaume : 17 - I

2 Je t'aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
3 Dieu mon libérateur, le rocher qui m'abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

4 Louange à Dieu ! +
Quand je fais appel au Seigneur, *
je suis sauvé de tous mes ennemis.

5 Les liens de la mort m'entouraient,
le torrent fatal m'épouvantait ;
6 des liens infernaux m'étreignaient :
j'étais pris aux pièges de la mort.

7 Dans mon angoisse, j'appelai le Seigneur ;
vers mon Dieu, je lançai un cri ;
de son temple il entend ma voix :
mon cri parvient à ses oreilles.

8 La terre titube et tremble, +
les assises des montagnes frémissent,
secouées par l'explosion de sa colère.

9 Une fumée sort de ses narines, +
de sa bouche, un feu qui dévore,
une gerbe de charbons embrasés.

10 Il incline les cieux et descend,
une sombre nuée sous ses pieds :
11 d'un kéroub, il fait sa monture,
il vole sur les ailes du vent.

Antienne

Le Seigneur m'a sauvé, car il m'aime.

Psaume : 17 - II

12 Il se cache au sein des ténèbres +
et dans leurs replis se dérobe :
nuées sur nuées, ténèbres diluviennes.

13 Une lueur le précède, +
ses nuages déferlent :
grêle et gerbes de feu.

14 Tonnerre du Seigneur dans le ciel, *
le Très-Haut fait entendre sa voix :
grêle et gerbes de feu.
15 De tous côtés, il tire des flèches,
il décoche des éclairs, il répand la terreur.

16 Alors le fond des mers se découvrit,
les assises du monde apparurent,
sous ta voix menaçante, Seigneur,
au souffle qu'exhalait ta colère.

17 Des hauteurs il tend la main pour me saisir,
il me retire du gouffre des eaux ;
18 il me délivre d'un puissant ennemi,
d'adversaires plus forts que moi.

19 Au jour de ma défaite ils m'attendaient,
mais j'avais le Seigneur pour appui.
20 Et lui m'a dégagé, mis au large,
il m'a libéré, car il m'aime.

Antienne

Seigneur, mon Dieu, tu éclaires ma nuit.

Psaume : 17 - III

21 Le Seigneur me traite selon ma justice,
il me donne le salaire des mains pures,
22 car j'ai gardé les chemins du Seigneur,
jamais je n'ai trahi mon Dieu.

23 Ses ordres sont tous devant moi,
jamais je ne m'écarte de ses lois.
24 Je suis sans reproche envers lui,
je me garde loin du péché.
25 Le Seigneur me donne selon ma justice,
selon la pureté des mains que je lui tends.

26 Tu es fidèle envers l'homme fidèle,
sans reproche avec l'homme sans reproche ;
27 envers qui est loyal, tu es loyal,
tu ruses avec le pervers.

28 Tu sauves le peuple des humbles ;
les regards hautains, tu les rabaisses.
29 Tu es la lumière de ma lampe,
Seigneur mon Dieu, tu éclaires ma nuit.
30 Grâce à toi, je saute le fossé,
grâce à mon Dieu, je franchis la muraille.

Verset

V/ Tous étaient émerveillés
des paroles venant de la bouche de Dieu.

Lecture : Plaidoirie prétentieuse d'Élihou (Jb 32, 1-6; 33, 1-22)

32.01 Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, puisqu’il était juste à ses propres yeux.
32.02 Alors s’enflamma la colère d’Élihou, fils de Barakéel, le Bouzite, du clan de Ram. Envers Job s’enflamma sa colère, parce qu’il prétendait avoir raison contre Dieu.
32.03 Sa colère s’enflamma envers ses trois amis parce que ceux-ci n’avaient pas trouvé de réponse pour donner tort à Job.
32.04 Élihou avait attendu pour s’adresser à Job, parce qu’ils étaient plus âgés que lui.
32.05 Mais quand Élihou vit que ces trois hommes n’avaient plus de réponse à la bouche, sa colère s’enflamma.
32.06 Élihou, fils de Barakéel, le Bouzite, prit la parole et dit : « Je suis jeune, moi, et vous êtes des anciens. C’est pourquoi, intimidé, je craignais de vous manifester mon savoir.
33.01 Je t’en prie, Job, écoute donc mes discours, à toutes mes paroles prête l’oreille.
33.02 Voici que j’ouvre la bouche, ma langue forme des mots dans mon palais.
33.03 C’est la droiture de mon cœur que j’exprime, et mes lèvres disent clairement ce que je sais.
33.04 L’esprit de Dieu m’a créé, le souffle du Puissant me fait vivre.
33.05 Si tu le peux, réplique-moi ! Argumente devant moi, prends position !
33.06 Vois, pour Dieu je suis ton égal ; d’argile j’ai été façonné, moi aussi.
33.07 Ainsi, tu n’auras de moi ni terreur ni épouvante, et ma main ne pèsera pas sur toi.
33.08 Mais tu as dit à mes oreilles – et j’entends le son de tes paroles :
33.09 “Je suis pur, sans péché, je suis net, et en moi pas de faute.
33.10 Or Dieu invente des griefs contre moi ; il me tient pour son ennemi.
33.11 Il fixe mes pieds dans des blocs de bois, il observe toutes mes démarches !”
33.12 Eh bien ! te répondrai-je, en cela tu n’as pas raison, car Dieu est plus grand que l’homme.
33.13 Pourquoi lui cherches-tu querelle sous prétexte qu’il ne rend compte d’aucun de ses actes ?
33.14 C’est que Dieu parle une fois, deux fois, sans que l’on y prenne garde.
33.15 Dans un songe, une vision nocturne, quand tombe une torpeur sur les hommes et qu’ils sont assoupis sur leur lit,
33.16 alors, il leur ouvre l’oreille et leur adresse des sommations,
33.17 pour détourner l’être humain de ses œuvres, et pour prémunir le héros de l’orgueil.
33.18 Ainsi il préserve son âme de la fosse, sa vie, du passage au chenal de la mort.
33.19 Sur son lit, l’homme est corrigé par la douleur, quand ses os ne cessent de s’entrechoquer.
33.20 Sa vie lui donne le dégoût du pain, il perd l’appétit pour les mets délicats.
33.21 Sa chair dépérit à vue d’œil et ses os qu’on ne voyait pas deviennent saillants.
33.22 Son âme approche de la fosse, et sa vie, des exterminateurs.

Répons

R/ Qui donc a connu la pensée du Seigneur ?

Du lieu de sa demeure, il observe
tous les habitants de la terre.

C'est lui qui forme le coeur de chacun,
lui qui discerne tous leurs actes.

Il déjoue le calcul des prudents,
il confond les pensées des sages.

 

HOMÉLIE DE PAUL VI
À LA CANONISATION DES MARTYRS DE L'OUGANDA
(18 octobre 1964)

Ces martyrs africains ajoutent au martyrologe, au livre des vainqueurs, une page qui relate des événements à la fois sinistres et magnifiques ; une page vraiment digne de rejoindre ces récits glorieux de l'Afrique ancienne dont nous-mêmes, hommes modernes, avec notre peu de foi, pensions qu'ils ne trouveraient jamais une suite comparable.

Qui aurait jamais pu supposer, par exemple que les exploits bouleversants des martyrs de Scillium, de Carthage, de la « Massa candida » d'Utique, rappelés par saint Augustin et Prudence, des martyrs d'Égypte dont nous lisons l'ample panégyrique chez saint Jean Chrysostome, des martyrs de la persécution des Vandales, seraient rejoints à notre époque par des récits non moins héroïques et non moins glorieux ?

Qui pouvait prévoir qu'à ces grands martyrs et confesseurs d'Afrique, ces personnages inoubliables que sont Cyprien, Félicité et Perpétue, et le grand saint Augustin, on ajouterait un jour ces noms qui nous sont chers : Charles Lwanga, Matthias Molumba, Kalemba et leurs vingt compagnons ? Et il est juste de mentionner aussi ceux qui, appartenant à la confession anglicane, ont subi la mort pour le nom du Christ.

Ces martyrs africains marquent les débuts d'une époque nouvelle. Non pas en ce sens qu'elle s'oriente vers les persécutions et les conflits, mais vers une régénération religieuse et politique.

En effet, l'Afrique, arrosée du sang de ces martyrs, les premiers de cet âge nouveau — et plaise à Dieu qu'ils soient les derniers, puisque leur holocauste est si noble et si précieux ! — l'Afrique libre et devenue indépendante, est en train de renaître.

La cruauté qui a broyé ces martyrs est si horrible et si riche de signification qu'elle offre des motifs déterminants et manifestes pour la formation morale d'un peuple nouveau. Une nouvelle tradition spirituelle doit s'affirmer, pour se transmettre aux hommes de l'avenir ; elle doit exprimer symboliquement et porter une évolution. D'un mode de vie simple et naïf, où ne manquaient pas des valeurs humaines remarquables, mais qui était déshonoré et affaibli par l'esclavage dans lequel il était tenu, il s'agit de passer à une condition politique qui aspire aux expressions les plus hautes de l'esprit humain et aux formes supérieures de la vie sociale.

Répons

R/ Le Seigneur, c'est l'Esprit,
l'Esprit du Seigneur est la liberté.

Nous tous, à visage découvert,
réfléchissons comme en un miroir la gloire de Dieu.

Laissons-nous transformer
en l'image du Seigneur, toujours plus glorieuse.

Oraison

Seigneur notre Dieu, tu as fait que le sang des martyrs soit une semence de chrétiens ; accorde à l'Église, que saint Charles Lwanga et ses compagnons ont fécondée par leur sang, de te donner une abondante moisson.