Office des lectures

Introduction

V/ Dieu, viens à mon aide,
R/ Seigneur, à notre secours.

Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit,
au Dieu qui est, qui était et qui vient,
pour les siècles des siècles.
Amen. (Alléluia.)

Hymne : Reviens, Verbe de Dieu

CFC — CFC

Reviens, Verbe de Dieu,             Stance
qui nous visites comme en passant.
Inconsolable en ton absence,
notre cœur te réclame.
Par ton départ, tu l'éprouves
et tu avives son désir
de connaître à nouveau la rencontre.

R/Reviens à nous, Seigneur,
toi, notre bien-aimé.

Ta venue nous échappe toujours,
chaque fois ton départ nous surprend,
mais le goût reste en nous de ton passage.

D'où venais-tu, où allais-tu, nous l'ignorons,
mais la mémoire demeure en nous
d'un grand bonheur furtif et redoutable.

Très au-delà des sens et du savoir,
en grand secret tu nous visites :
pour un instant nous touchons l'infini.

Nous n'avons pu te voir ni te saisir ;
par où es-tu passé ? Nous ne savons,
mais notre cœur reste blessé d'amour.

Antienne

Dieu est bon pour Israël, pour les hommes au cœur pur.

Psaume : 72 - I

1 Vraiment, Dieu est bon pour Israël,
pour les hommes au cœur pur.

2 Un rien, et je perdais pied,
un peu plus, et je faisais un faux pas ;
3 car j’étais jaloux des superbes,
je voyais le succès des impies.

4 Jusqu’à leur mort, ils ne manquent de rien,
ils jouissent d’une santé parfaite ;
5 ils échappent aux souffrances des hommes,
aux coups qui frappent les mortels.

6 Ainsi, l’orgueil est leur collier,
la violence, l’habit qui les couvre ;
7 leurs yeux qui brillent de bien-être
trahissent les envies de leur cœur.

8 Ils ricanent, ils prônent le mal,
de très haut, ils prônent la force ;
9 leur bouche accapare le ciel,
et leur langue parcourt la terre.

10 Ainsi, le peuple se détourne
vers la source d’une telle abondance.
11 Ils disent : « Comment Dieu saurait-il ?
le Très-Haut, que peut-il savoir ? »

12 Voyez comme sont les impies :
tranquilles, ils amassent des fortunes.

Antienne

Votre rire se changera en pleurs ; et votre joie, en deuil.

Psaume : 72 - II

13 Vraiment, c’est en vain que j’ai gardé mon cœur pur,
lavé mes mains en signe d’innocence !
14 Me voici frappé chaque jour,
châtié dès le matin.

15 Si j’avais dit : « Je vais parler comme eux »,
j’aurais trahi la race de tes fils.
16 Longtemps, j’ai cherché à savoir,
je me suis donné de la peine.

17 Mais quand j’entrai dans la demeure de Dieu,
je compris quel serait leur avenir.
18 Vraiment, tu les as mis sur la pente :
déjà tu les entraînes vers la ruine.

19 Comment vont-ils soudain au désastre,
anéantis, achevés par la terreur ?
20 À ton réveil, Seigneur, tu chasses leur image,
comme un songe au sortir du sommeil.

Antienne

Rester proche de Dieu fait tout mon bonheur.

Psaume : 72 - III

21 Oui, mon cœur s’aigrissait,
j’avais les reins transpercés.
22 Moi, stupide, comme une bête,
je ne savais pas, mais j’étais avec toi.

23 Moi, je suis toujours avec toi,
avec toi qui as saisi ma main droite.
24 Tu me conduis selon tes desseins ;
puis tu me prendras dans la gloire.

25 Qui donc est pour moi dans le ciel
si je n’ai, même avec toi, aucune joie sur la terre ?
26 Ma chair et mon cœur sont usés :
ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours.

27 Qui s’éloigne de toi périra :
tu détruis ceux qui te délaissent.
28 Pour moi, il est bon d’être proche de Dieu ;
j’ai pris refuge auprès de mon Dieu
pour annoncer les œuvres du Seigneur
aux portes de Sion.

Verset

V/ Ta parole est la lumière de mes pas,
la lampe sur ma route.

Lecture : Ô mon peuple, tes guides t'écrasent (Is 3, 1-15)

01 Voici que le Maître et Seigneur de l’univers va retirer de Jérusalem et de Juda réserves et ressources, toute réserve de pain, toute réserve d’eau,
02 le héros et l’homme de guerre, le juge et le prophète, le devin et l’ancien,
03 l’officier, le notable, le conseiller, l’expert en magie, et le charmeur habile.
04 Je leur donne pour princes des gamins dont le caprice les gouvernera.
05 Les gens seront des tyrans les uns pour les autres, chacun pour son prochain ; le gamin s’en prendra à l’ancien, et le vaurien, au vénérable.
06 Un individu se saisira de son frère dans la maison paternelle, en disant : « Tu as un manteau : tu seras notre chef ! Ce pays en ruines, gouverne-le ! » ;
07 ce jour-là, l’autre répliquera : « Je ne suis pas un guérisseur ! Il n’y a, dans ma maison, ni pain ni manteau, ne me faites pas chef du peuple ! »
08 Oui, Jérusalem trébuche et Juda s’écroule, parce que leurs paroles et leurs actes envers le Seigneur sont des insultes au regard de sa gloire.
09 Leur partialité témoigne contre eux ; comme Sodome, ils étalent leur péché, ils n’en cachent rien. Hélas pour eux ! Ils font leur propre malheur.
10 Dites : « Qu’il est bon pour le juste de se nourrir du fruit de ses actes !
11 Quel malheur, hélas, pour le méchant d’être traité selon l’œuvre de ses mains ! »
12 Ô mon peuple ! Un nourrisson le tyrannise ! Des femmes le gouvernent ! Ô mon peuple, tes guides te fourvoient ; ils brouillent le tracé de tes chemins.
13 Le Seigneur s’est levé pour accuser, il est debout pour juger les peuples.
14 Le Seigneur entre en jugement avec les anciens du peuple et ses princes : « C’est vous qui dévastez la vigne ; les biens volés au pauvre emplissent vos maisons.
15 De quel droit écrasez-vous mon peuple, piétinez-vous le visage du pauvre ? » – oracle du Seigneur, Dieu de l’univers.

Répons

R/ Heureux le juste,
il se nourrira du fruit de ses œuvres.

Dieu se lève à son tribunal
pour intenter un procès
et citer en justice les princes de son peuple.

De quel droit écrasez-vous mon peuple
et broyez-vous le visage des pauvres ?
oracle du Seigneur.

 

SERMON DE S. BERNARD SUR LE CANTIQUE DES CANTIQUES

L'amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il est à lui-même son mérite, il est à lui-même sa récompense. L'amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d'être ni son fruit : son fruit, c'est l'amour même. J'aime parce que j'aime. J'aime pour aimer.

Quelle grande chose que l'amour, si du moins il remonte à son principe, s'il retourne à son origine, s'il reflue vers sa source pour y puiser un continuel jaillissement ! De tous les mouvements de l'âme, de ses sentiments et de ses affections, l'amour est le seul qui permette à la créature de répondre à son Créateur, sinon d'égal à égal, du moins dans une réciprocité de ressemblance. Car, lorsque Dieu aime, il ne veut rien d'autre que d'être aimé. Il n'aime que pour qu'on l'aime, sachant que ceux qui l'aimeront trouveront dans cet amour même la plénitude de la joie.

L'amour de l'Époux, ou plutôt l'amour qu'est l'Époux, n'attend qu'un amour réciproque et la fidélité. Qu'il soit donc permis à celle qu'il chérit de l'aimer en retour. Comment l'épouse pourrait-elle ne pas aimer, elle qui est l'épouse de l'Amour ? Comment l'Amour ne serait-il pas aimé ?

Elle a donc raison de renoncer à tous ses autres mouvements intérieurs, pour s'adonner seulement et tout entière à l'amour, puisqu'elle a la possibilité de répondre à l'amour même par un amour de réciprocité. Car elle pourra bien se répandre tout entière dans son amour, que grâce au regard du flot éternel d'amour qui jaillit de la source même ? Les eaux ne sourdent pas avec la même profusion de celle qui aime et de l'Amour, de l'âme et du Verbe, de l'épouse et de l'Époux, du Créateur et de la créature : la différence n'est pas moins grande qu'entre l'être assoiffé et la source.

Alors quoi ? Faudra-t-il pour autant que périsse et disparaisse complètement chez l'épouse le souhait de voir s'accomplir ses noces ? Le désir qu'expriment ses soupirs, la force de son amour, son attente pleine de confiance ; seront-ils réduits à rien, parce qu'elle ne peut égaler à la course un géant, et qu'elle ne peut rivaliser de douceur avec le miel, de tendresse avec l'agneau, de blancheur avec le lis, de rayonnement avec le soleil, d'amour avec celui qui est l'amour en personne ? Non, car même si la créature aime moins, en raison de ses limites, pourvu qu'elle aime de tout son être, il ne manque rien à son amour, puisqu'il constitue un tout. C'est pourquoi aimer de la sorte équivaut à un mariage, car une affection si forte ne saurait recevoir une réponse de moindre affection, dans cet accord réciproque des deux époux qui fait la solidité et la perfection du mariage. À moins qu'on ne mette en doute que l'amour du Verbe précède et dépasse celui de l'épouse...

Répons

R/ Voix de mon Bien-aimé qui frappe à la porte :
Ouvre-moi ! alléluia !

Si quelqu'un entend ma voix,
ensemble nous prendrons notre repas,
moi près de lui, lui près de moi.

Si quelqu'un garde ma parole,
mon Père l'aimera,
et nous viendrons à lui.

Oraison

Seigneur, tu as voulu que saint Bernard, rempli d’amour pour ton Église, soit dans ta maison la lampe qui brûle et qui éclaire ; accorde-nous, par son intercession, la même ferveur de l’Esprit, afin de vivre comme des fils de la lumière.