Livre de la Sagesse

01 Elle déploie sa vigueur d’un bout du monde à l’autre, elle gouverne l’univers avec bonté.

02 C’est elle que j’ai aimée et recherchée depuis ma jeunesse, j’ai cherché à la prendre pour épouse, je suis devenu l’amant de sa beauté.

03 Elle manifeste la gloire de sa propre naissance puisqu’elle partage la vie de Dieu, et que le maître de l’univers lui a donné son amour.

04 Elle est initiée aux mystères de la science de Dieu, c’est elle qui décide de ses œuvres.

05 Si la richesse est un bien désirable en cette vie, qu’y a-t-il de plus riche que la Sagesse, elle qui met en œuvre toutes choses ?

06 Si l’intelligence humaine peut accomplir une œuvre, qui, plus que la Sagesse, est l’artisan de l’univers ?

07 Veut-on devenir juste ? Les labeurs de la Sagesse produisent les vertus : elle enseigne la tempérance et la prudence, la justice et la force d’âme, et rien n’est plus utile aux hommes dans l’existence.

08 Désire-t-on encore profiter de sa grande expérience ? Elle connaît le passé et conçoit l’avenir, elle sait le sens caché des paroles et la solution des énigmes ; les signes et les prodiges, elle les prévoit, ainsi que les temps et les moments favorables.

09 J’ai donc résolu d’amener la Sagesse à partager ma vie, car je savais qu’elle serait ma conseillère pour bien agir, mon réconfort dans les soucis et la tristesse.

10 Grâce à elle, j’aurai la gloire auprès des foules, et l’honneur auprès des anciens, malgré ma jeunesse.

11 Au tribunal, on reconnaîtra ma perspicacité ; devant moi les puissants seront dans l’admiration.

12 Si je me tais, ils attendront ; si je parle, ils prêteront l’oreille ; si je prolonge mon discours, ils se garderont de m’interrompre.

13 Grâce à la Sagesse, j’aurai l’immortalité, je laisserai à la postérité un souvenir éternel.

14 Je dirigerai des peuples, et des nations me seront soumises.

15 S’ils entendent parler de moi, des souverains redoutables prendront peur. Je montrerai ma valeur dans l’assemblée du peuple, et ma bravoure à la guerre.

16 Quand j’entrerai chez moi, je me reposerai près d’elle, car sa compagnie est sans amertume ; partager sa vie ne cause pas de peine, seulement plaisir et joie.

17 J’ai raisonné ainsi en moi-même, j’ai pesé dans mon cœur les réflexions que voici : l’immortalité se trouve dans l’union avec la Sagesse ;

18 il y a dans sa tendresse une jouissance supérieure, dans les travaux de ses mains, une richesse inépuisable, dans sa fréquentation assidue, le discernement ; et l’on trouve la célébrité en partageant ce qu’elle enseigne ; aussi, je la courtisais et cherchais comment la prendre pour épouse.

19 Certes, j’étais un enfant d’une heureuse nature, et j’avais reçu une âme bonne,

20 ou plutôt, étant bon, j’étais venu dans un corps sans souillure ;

21 mais je savais que je ne pourrais jamais obtenir la sagesse si Dieu ne me la donnait, et il me fallait déjà du discernement pour savoir de qui viendrait ce bienfait. Je me tournai donc vers le Seigneur et lui fis cette prière, en disant de tout mon cœur :