Deuxième Livre des Martyrs d'Israël

01 Très peu de temps après, Lysias, tuteur et parent du roi, l’administrateur du royaume, fort irrité par ce qui s’était passé,

02 rassembla environ quatre-vingt mille hommes et toute sa cavalerie, et marcha contre les Juifs. Il comptait faire de Jérusalem une ville grecque,

03 soumettre le Temple à l’impôt, tout comme les autres lieux de culte païens, et mettre en vente chaque année la dignité de grand prêtre.

04 Grisé par ses myriades de fantassins, ses milliers de cavaliers et ses quatre-vingts éléphants, il ne tenait aucun compte de la souveraineté de Dieu.

05 Il pénétra donc en Judée, s’approcha de Bethsour et en bloqua les issues. Or, cette place fortifiée était distante de Jérusalem d’environ cent cinquante stades.

06 Dès que ceux qui entouraient Judas Maccabée apprirent que Lysias assiégeait les forteresses, ils se mirent à se lamenter et à pleurer avec la foule, suppliant le Seigneur d’envoyer un bon ange pour sauver Israël.

07 Judas Maccabée lui-même, prenant les armes le premier, exhorta les autres à secourir leurs frères, en s’exposant avec lui au danger. Ensemble, ils s’élancèrent, avec détermination.

08 Ils étaient encore tout proches de Jérusalem, lorsqu’apparut à leur tête un cavalier vêtu de blanc et brandissant des armes d’or.

09 Alors, tous ensemble, ils bénirent le Dieu de miséricorde et se sentirent animés d’une grande vigueur : ils étaient prêts à pourfendre non seulement des hommes, mais les bêtes les plus féroces et jusqu’à des murailles de fer.

10 Ils s’avancèrent donc en ordre de bataille, avec cet allié venu du ciel, car le Seigneur les avait pris en pitié.

11 Comme des lions, ils foncèrent sur les ennemis ; ils en abattirent onze mille, en plus de seize cents cavaliers, et contraignirent tous les autres à fuir.

12 La plupart d’entre eux se sauvèrent, blessés, privés de leurs armes. Lysias lui-même se sauva en prenant honteusement la fuite.

13 Mais Lysias ne manquait pas de bon sens : il réfléchit sur la défaite qu’il venait de subir et comprit que les Hébreux étaient invincibles, parce que le Dieu puissant combattait avec eux. Il envoya donc des émissaires

14 pour les persuader de conclure un accord à des conditions tout à fait justes, promettant aussi de persuader le roi de la nécessité de devenir leur ami.

15 Judas Maccabée consentit à tout ce que proposait Lysias, par souci de l’intérêt commun. Et de fait, tout ce que Judas Maccabée transmit par écrit à Lysias au sujet des Juifs, le roi l’accorda.

16 Voici donc en quels termes Lysias écrivit aux Juifs : « Lysias à l’ensemble des Juifs, salut !

17 Jean et Absalom, vos envoyés, ont remis l’acte transcrit ci-dessous et demandé une réponse au sujet de ce qui s’y trouvait indiqué.

18 J’ai donc informé le roi de tout ce qu’il fallait lui soumettre, et ce qui était possible, je l’ai accordé.

19 Si donc vous conservez votre bienveillance à l’égard de l’État, je m’efforcerai encore à l’avenir de contribuer à votre bien.

20 Quant aux questions de détail, j’ai donné ordre à vos envoyés et aux miens d’en discuter avec vous.

21 Portez-vous bien ! L’an 148, le 24 du mois de Dioscore. »

22 La lettre du roi était ainsi conçue : « Le roi Antiocos à son frère Lysias, salut !

23 Notre père est allé rejoindre les dieux, et nous-même, nous souhaitons que les sujets de notre royaume soient à l’abri des troubles et s’appliquent à leurs propres affaires.

24 Or, nous avons appris que les Juifs ne consentent pas à s’adapter aux coutumes grecques, voulues par notre père, mais qu’ils préfèrent leur genre de vie à eux et demandent qu’on leur accorde d’observer leurs lois.

25 Désirant donc que ce peuple soit lui aussi exempt de trouble, nous décidons que le Temple lui sera restitué et que les Juifs pourront vivre selon les usages de leurs ancêtres.

26 Tu ferais donc bien de leur envoyer des messagers pour leur tendre la main droite en signe de paix afin que, ayant pris connaissance de nos intentions, ils soient rassurés et continuent avec bonheur à gérer leurs propres affaires. »

27 Voici la lettre que le roi adressa à la nation des Juifs : « Le roi Antiocos au Conseil des anciens et aux autres Juifs, salut !

28 Si vous vous portez bien, nous en sommes heureux. Nous aussi, nous sommes en bonne santé.

29 Ménélas nous a fait part de votre désir de rentrer chez vous pour vaquer à vos propres affaires.

30 Donc ceux qui retourneront chez eux d’ici le 30 du mois de Xanthique obtiendront l’assurance de l’impunité.

31 Les Juifs pourront consommer leurs aliments spéciaux et suivre leurs lois, comme auparavant. Aucun d’entre eux ne sera inquiété, d’aucune façon, pour des fautes commises par ignorance.

32 J’ai d’ailleurs envoyé Ménélas pour vous encourager.

33 Portez-vous bien. L’an 148, le 15 du mois de Xanthique. »

34 Les Romains aussi adressèrent aux Juifs une lettre qui était ainsi conçue : « Quintus Memmius et Titus Manius, légats des Romains, au peuple des Juifs, salut !

35 Les choses que Lysias, parent du roi, vous a accordées, nous aussi, nous y consentons.

36 Quant aux choses qu’il a jugé devoir soumettre au roi, examinez-les, puis envoyez-nous sans délai quelqu’un qui nous en informe. Ainsi, nous pourrons les exposer au roi d’une façon qui vous convienne, car nous nous rendons à Antioche.

37 Hâtez-vous donc d’envoyer des messagers, afin que nous sachions, nous aussi, quel est votre avis.

38 Soyez en bonne santé. L’an 148, le 15 du mois de Xanthique. »